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samedi 6 juin 2015

La ligne de sang (DOA)

D.O.A    La ligne de sang  Gallimard, Folio Policier, 2010

Un thriller lent et clinique avec le chien noir du surnaturel qui guette à la lisière...

Ambiance menaçante dans un quotidien réaliste.
J’ai avancé dans ce roman, centaine de pages après centaines de pages, en me demandant s’il allait vraiment commencer, si ça valait le coup de continuer. Comme Charybde et Encore du noir disent du bien de l'auteur, je me suis accroché. 


Un homme est dans le coma à l’hôpital suite à un banal accident de moto. Deux flics ordinaires se retrouvent liés à l'affaire. On les suit au jour le jour, dans leur travail, chez eux, dans leurs réflexions, leur passé, leur existence. C’est comme si une caméra les suivait en temps réel. Ils prennent des initiatives, visiter un appartement vide et se demander où est passée la jeune femme qui l’habitait, ex-compagne du motard alité. Ils font des heures de route pour voir la mère du comateux Paul Grieux dans un village avec un bar où on les regarde comme des étrangers, avec la vieille bicoque à l’écart du village...
Il retrouvent laborieusement l’adresse du comateux, et visitent ses appartements. DOA excelle dans les descriptions très précises des lieux, il adore les escaliers, les couloirs, les corridors et sait installer un fantastique léger, une menace planante et tournoyante comme un oiseau de proie sur l’ordinaire de chacun.
 Ce qui étonne dans le roman, c'est la façon dont la magie noire est suggérée, le lecteur ressent l'inquiétante impression de bifurquer et de changer de genre, du policier au fantastique. Les mystères, à la fois dans l’histoire et dans la facture du roman, nous font continuer, on veut savoir la suite et on se demande perfidement si l’auteur va retomber sur ses pattes. Et oui ! Mais en allant très loin dans la surenchère, dans l’horreur insoutenable, toujours décrite comme si c’était un procès verbal. (Spoiler !) Un rapport de police où on rencontrerait un mélange de Fourniret et Marc Dutroux ayant conclu un pacte avec le diable et se reproduisant de générations en générations. 
Evidemment je suis content de l’avoir terminé et curieux de lire d’autres romans de DOA. La fin est abrupte comme pour nous dire après tout ce n’est qu’une fiction à laquelle vous vous êtes laissés prendre. 

Bref, un thriller étonnant, presque expérimental, même si on se demande si c’était la véritable intention de l’auteur. Ces "brouillages de genres" seraient plutôt le fait d'un auteur qui fait ses gammes. 

dimanche 23 août 2015

Chasselas, cocaïne et mondialisation par DOA

DOA Le serpent aux mille coupures (Série Noire) 2009


C’est le troisième roman de cet auteur que je lis en deux mois. Une valeur sûre. Vidéo de l'auteur parlant très bien de son livre. 

Une nuit, un paysan de Moissac, Baptiste Latapie est en train de saboter avec une tenaille les palissages d’un vigneron concurrent. Son tort ? C’est un noir qui s’est marié avec la fille d’un propriétaire et que les paysans du coin aimeraient faire déguerpir . Le saboteur est interrompu par l’arrivée d’une voiture.
Changement de point de vue: dans le véhicule, des mafieux colombiens venus traiter des affaires avec des collègues italiens....
Par un hasard incroyable, le sbire et chauffeur des mafieux tombe sur un accidenté de la route, moto renversée dans un fossé. On ne veut pas de témoin: pas de quartier pour le blessé. Sauf que le blessé n’est pas monsieur tout le monde...
Pendant ce temps-là, sur les routes de la région, les gendarmes patrouillent à la recherche d’un fugitif. On le comprend à la fin du roman, on est juste après Citoyens clandestins. Le lecteur trouvait bien une certaine ressemblance à un personnage...

Ensuite, nous aurons droit à une prise d’otage dans une ferme isolée et à la confrontation entre le preneur d’otage, un homme blessé, un professionnel dur et en fuite, et la petite famille, la femme, le fermier, la petite fille et le chien...
Un tueur sans pitié commandité par la mafia (le fameux serpent) arrive pour nettoyer le merdier, il va mettre les polices françaises et espagnoles sur les dents et faire des dégâts dans la paysannerie locale ...

Encore un bon roman de DOA après Citoyen clandestin. J’ai retrouvé la sobre efficacité des Manchette comme par exemple La position du tireur couché avec en plus son talent pour nous faire vivre plusieurs points de vue avant de joindre les fils narratifs à la fin. 
150 pages qui se lisent en un éclair. 

samedi 4 juillet 2015

"Citoyens clandestins" de DOA

CITOYENS CLANDESTINS  DOA ( Série Noire) 2007

- Pukhtu Primo, la "suite" est lue trois ans plus tard. 

Karim alias Fennec est un agent secret, clandestin infiltré au-milieu de musulmans intégristes (ça fait drôle de commencer le roman au moment de terminer le Bureau des Légendes ). Amel est une jeune mariée qui veut percer dans le métier de journaliste et qui va se retrouver mêlée à un sombre complot. Jean-Loup Servier est un expatrié revenu de Londres qui travaille dans les affaires. Lynx, un autre agent secret, est un solitaire en marge du système, aux méthodes efficaces et amorales. Il n’a pas d’existence « J’ai toujours cru que c’était un mythe, un fantasme... ». Voici les personnages principaux qu’on regarde vivre sans savoir à quel moment le destin va les faire se rejoindre. 
Armes chimiques vendues qui peuvent se retourner contre le pays qui les a vendues, préparation d'attentat, gorge profonde qui renseigne les journalistes, surveillance de tous et tout le monde, méfiance généralisée de tous les services et danger qui rôde dans un quotidien qui nous ressemble, voilà ce qu'ils doivent affronter. 
C’est passionnant, on se laisse mener par des scènes qui s’enchaînent, collées les unes aux autres. Curieuse impression de se laisser guider à l’aveugle dans le tourbillon des fils narratifs.


Sur le plan romanesque, c’est imparable, on tourne les pages à toute allure et on peut mesurer le saut qualitatif entre le troisième roman et le deuxième La ligne de sang, chroniqué ici il y a un mois. Plus aucune hésitation, l’auteur se projette à fond dans ses personnages et dans son histoire, la documentation et la connaissance de la chose militaire (DGSE, police, officines privées qui sous-traitent) parfaitement intégrée à l’histoire, il nous fait partager le professionnalisme guerrier de ces antihéros formés à lutter contre le terrorisme actuel. 

Il nous montre la guerre invisible, qui est peut-être la vraie guerre d’aujourd’hui, une réalité non médiatique que seul le genre du roman pouvait décrire. "Des attentats ont été déjoués" nous disent parfois les médias et on sentirait presque leur déception: pas de mort, pas de catastrophe, pas d’histoire. DOA nous raconte ce qui s’est passé derrière les mots. Des personnages ni blanc ni noir, soumis à leur états d’âme, même le super tueur et agent ultra efficace Lynx « Sa paranoïa, érigée en seconde nature, achevait de le consumer»,  y compris les terroristes les plus convaincus.  Pas de morale ici, la mécanique implacable du roman colle à la réalité du terrain où on ne peut pas faire de sentiment, il faut se salir les mains. 
Si vous cherchez le mélange parfait entre Le Carré et Ludlum, courez lire ce livre. 

mardi 20 novembre 2018

PUKHTU PRIMO de DOA.



Quatrième roman de DOA chroniqué sur ce blog. 

C’est un livre de guerre qui se passe en Afghanistan. Un affrontement entre des mercenaires (dit « paramilitaires ») et des combattants fanatiques sur fond de trafic de drogue. C’est un livre de guerre et d’argent, le second étant bien sûr le nerf du premier...Les explosions de missiles, lance-roquette, tirs de drones, AK-47, kamikazes, tous bien nommés et documentés se suivent et se répètent comme des roulements de batterie dans un morceau de hard rock. Les trajets en hélico sont les riffs de guitare. Ça se déchaîne, dans le feu et le sang. 

Mais c’est d’abord un livre sur des hommes et des points de vue. 
Des hommes qui ont tous des secrets dangereux et douloureux à cacher.
Un chef de clan respecté doit cacher l’amour qu’il a pour sa fille parce que les femmes ont une place inférieure dans la religion et surtout chez les intégristes. 
Un chef paramilitaire dissimule des malles d’argent, de drogue et de produits chimique qui suivent des chemins croisés.  Les détails du blanchiment d’argent nous seront donnés. . 
Un paramilitaire, déjà vu dans Citoyen clandestin doit cacher le double jeu qu’il mène et doit décider de trahir ou non, une fois de plus... Le même homme jouera une sorte de blues déséspéré dans le roman par l’amour qu’il porte à une pauvre pute défigurée. 
Un journaliste à l’histoire familiale difficile trouve une raison de vivre à percer les secrets des officines militaires privées. 
C’est un monde de fiction où il n’y a pas les bons d’un coté et les méchants de l’autre. Mais plutôt les méchants et les très méchants. Les cruels, les pervers, les brutes, les tueurs par nécessité, et les tueurs par plaisirs. Et de l’autre coté, les victimes...
Les personnages 

Afghanistan, Pakistan, Dubaï, Arabie Saoudite, Kosovo, la France, les Etats Unis, on se promène dans tous les lieux du monde. 
On lit le roman en apnée, on se laisse entraîner dans ce théâtre mortel qui révèle tant de choses sur la géopolitique, la guerre technologique qui s’oppose à celle, plus artisanale, et pas moins efficace ( le piège du téléphone à la fin de ce premier tome) des combattants talibans, le combat au corps à corps dans les décors de nuits et de montagnes majestueuses. 
 Je n’ai pris quasiment aucune note, contrairement à mes habitudes, tellement j’ai été happé. Je n’ai qu’une envie, savoir la suite, et enchaîner sur le deuxième tome...

Il y a d’excellents billets à propos de ces romans, je ne ferais pas mieux: