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lundi 11 février 2013

Ironie d'Hollande

Extrait , page 192, du livre de Binet sur Hollande.

J'ai noté ça chez  lui : ce qu'on prend trop souvent pour de la jovialité masque  une ironie fondamentale dont il ne se départit que dans des circonstances  exceptionnelles,  quand la gravité du moment I'exige. II y a très souvent  dans sa voix, pour qui y prête attention, l'indice  d'une  distance à soi-même et aux événements  que je n'ai pas observée chez les autres,  comme l'aveu qu'il n'est pas dupe de toute cette comédie  humaine dans laquelle pourtant il  a voulu jouer un rôle de premier plan. Bien sûr, tous les hommes  politiques que j'ai rencontrés jusqu'à  présent  sont capables  de plaisanter,  même Valls, et ils savent  aussi faire preuve de recul, ne serait-ce que pour faire face à la défaite, mais il ne s'agit pas seulement  de ça. Il me semble que parmi les candidats, c'est le seul qui se permet d'être au second degré en public. Tout le monde  s'interroge sur la nature profonde de cet homme impénétrable(<<  Personne  ne peut dire qu'il connaît  Hollande  >>) mais si moi je devais le caractériser,  je dirais ceci  : Hollande est un homme ironique.
Pas la grosse  ironie qui tache par peur de ne pas être comprise  mais une ironie de fond, comme  on dirait un bruit de fond, discrète,  parfois presque imperceptible.  Cela, à bien y réfléchir, me semblé  formidablement  handicapant  pour se faire élire : le peuple, quelle que soit la façon dont on I'envisage, dans sa version  veaux à la de Gaulle  ou dans sa version noble à la Hugo, me semble, d'une manière générale, plutôt réceptif au premier degré. Remporter  l'électlon présidentielle malgré  ce fond d'ironie irréductible n'en serait qu'une  performance  plus grande, à mon avis. 

dimanche 10 février 2013

Rien ne se passe comme prévu, retour sur la présidentielle.


Rien ne se passe comme prévu, de Laurent Binet. 300 pages vivantes, une bonne surprise.
Résumé: Laurent Binet, jeune écrivain, suit la campagne de François Hollande du 20 juin 2011 au 6 mai 2012. Le livre prend la forme d'un journal, les dates servant d'en-tête pour les chapitres. Il bénéficie de la complicité de Valérie Trierweiler qui lui facilite les contacts avec le candidat. Il recueille les témoignages des proches de Hollande, les historiques comme les nouveaux. Ce sont d'ailleurs les pages les plus intéressantes, celles où les politiques se lâchent le plus.
Ce qui plaît dès le départ dans le livre, c'est le coté candide de Laurent Binet, ancien prof de ZEP invité à la cour des puissants, des notables de la gauche. Ses hésitations, sa timidité qui lui joue des tours, exemple page 60 :
Hollande me voit avec l'Équipe à la main, il me dit: « Alors, c'est le classico, ce soir ?» Je dis oui et je commets l'erreur fatale de ne pas enchaîner tout de suite. (...) à force de se présidentialiser, il m'intimide, ce con! Pourtant, il est souriant, comme d'habitude, mais il y a un truc qui me met mal à l'aise. 
Il fait parler les proches du candidats, les gardes du corps comme les plumes et les hommes de l'ombre, il accompagne, souvent à la traîne, obligé de courir pour accrocher le bon wagon. Il décrit ceux qui le suivent, les journalistes avec les meneurs qui émergent, et qui fabriquent l'opinion, Montebourg en empereur romain à la démarche de Mr Hulot, Valls, personnage sec, qui semble déjà habiter la fonction de ministre de l'intérieur, Martine Aubry, absente physiquement mais présente dans les conversations (et pas gâtée).
 Il va aussi faire un tour chez les UMPistes chauffés à blanc et obsédés par l'assistanat, qui croient encore à leur candidat (décrit plus tôt dans le livre via Emmanuel Todd « Il se situe dans un modèle hiérarchique: il se montre fort avec les faibles et faible avec les forts» p.70) . Et assiste à un discours de Mélenchon dont il admire le tour littéro-révolutionnaire.

La sensibilité de Laurent Binet lui fait porter une attention particulière à certains déplacements du candidat, Florange (p.168), un moment exceptionnel avec les ouvriers, les syndicalistes, (p.190) une réunion avec des femmes du planning familial , (p.209) une avec des jeunes des cités où Binet donne la parole à une franco-algérienne qui dénonce l'amalgame arabes/musulmans , puis c'est le tableau déprimant brossé par la situation des femmes en banlieue (p.238) « une grossesse précoce est un moyen de se faire respecter dans la rue et aussi parfois d'éviter les rapports sexuels» , bref, c'est aussi un voyage dans la France d'aujourd'hui, un portrait en forme d'aperçu, par un homme qui ne cache pas ses opinions de gauche et même son attirance pour un mélenchonisme en pleine émergence...

Puis arrive le moment du vote, on voyage moins, le temps semble se distendre, on sent que l'auteur Binet a fait son trou dans la "cour" du candidat, qui se dispute les places dans la bonne bagnole...L'auteur excelle à restituer le flot des conversations, le brouhaha des échanges, sorte de brainstorming permanent d'une machine politique bien rôdée en route pour le sommet.

Le prof de français Binet analyse les anaphores de Hollande.  D'abord dans un discours, p.185 « Sur l'ensemble du discours, je compte cinq anaphores, procédé de tribune toujours efficace qui consiste à répéter des mots ou des groupes de mots en tête de phrase» puis la célébre tirade qu'il improvise au cours de l'affrontement télévisuel,  cent pages plus loin («Moi, Président de la République...»). « L'anaphore est un procédé stylistique d'une très grande efficacité, l'effet de scansion qu'elle produit frappe immanquablement les esprits, c'est pourquoi tout le monde a retenu ce passage » (p.288).

Je ne sais pas si c'est un document historique, il manque sans doute le vrai visage de Hollande, sauf page 192..., mais ça se lit très bien. Si je compare avec le livre de Yasmina Reza, que j'ai lu il y a cinq ans,  celui-ci me paraît nettement supérieur, alors que le "client" était peut-être moins intéressant, à cause de sa normalité revendiquée. Binet a mieux travaillé son sujet, accumulé plus de notes, peut-être utilisé un dictaphone. Maintenant, je vais être curieux de lire son roman.

mercredi 6 février 2013

L'ironie de Socrate et s'oublier soi-même, par François Roustang

L'homme parle de Socrate, de son ironie invraisemblable, de Michaux qui se méfie du langage, modèle de la réalité, des patients qui lui envoient des lettres de remerciement, alors que, dit-il, je ne suis que l'instrument, la corde qui fait vibrer. C'est une parole modeste, de thérapeute qui sait qu'il a affaire à des forces plus grandes que lui et qui prône le détachement. C'est passionnant, écoutez François Roustang.


«Un jour, un homme accablé par le souci de lui-même et qui avait touché au dégoût de soi est venu me voir pour en être délivré. Après quelques minutes de conversation, je lui ai enjoint de de se lever, puis de faire un pas. Sous l'effet de cet ordre qu'il n'a ni discuté ni différé, il a agi sans y penser. Il a été brusquement libéré du souci de se regarder et de savoir ce qu'il faisait. Son visage torturé s'est détendu, et il a ressenti un immense soulagement. Après avoir goûté quelques minutes une tranquilité qu'il n'avait pas connue depuis longtemps, il a jugé que ce changement éprouvé sans conteste n'était pas possible, que c'était vraiment trop simple. Comme il me disait son étonnement, je lui ai fait part du mien. Il n'est pas revenu et a dû retourner à ses démons. Mon seul espoir était qu'il n'oublie pas cependant ce qui s'était passé. Vain espoir probablement. Il avait fait l'expérience de la distance entre intention et action, mais cela lui était insupportable.» P. 125 Savoir attendre. François Roustang. 

dimanche 3 février 2013

Féerie générale Emmanuelle Pireyre


tous les livres sur Babelio.com
J'étais vraiment curieux de lire ce livre, la surprise des prix littéraires de l'automne. Au-début, on se demande où on est tombé. Mais ça passe vite, grâce au style limpide de l'écrivain.
Un livre atypique qui désarçonne les commentaires. On est convié à une fête du langage, des personnages qu'on rencontre au cours d'une aventure, et que l'on quitte pour en trouver d'autres.

Comment a-t-elle écrit ce livre aussi original, qui ne ressemble à aucun autre.
Emmanuelle Pireyre avoue qu'elle prend de plus en plus de temps pour  écrire ses livres car c'est lié à sa manière d'appréhender le monde. Elle va de plus en plus loin dans la capture du réel. Il faut ensuite malaxer, agencer tout ça et regagner sa propre voix...

Elle utilise des discours qui existent déjà en s'appropriant leur force ("comme dans les arts martiaux" dit-elle) réflexions sur tel ou tel thème, articles résumés, livres auxquels elle prend de petits extraits, langue des forums sur internet, "une langue maladroite qui n'atteint pas son but, très inventive, entre l'écrit et l'oral."Son travail d'écriture consiste ensuite à retrouver sa langue à travers toutes ces langues, et plus elles sont nombreuses, plus l'auteur est satisfaite. Réinjecter le monde dans la littérature par ses langages.

Ce matériau composé de discours, de lectures, de questions et essais de réponses, l'auteur s'acharne contre lui, il résiste  parce qu'il est déjà dit, et qu'il faut  le "dédire".  Cela donne un aspect fragmenté, disparate au livre, et elle lui donne une unité grâce à une structure régulière: les sept chapitres sont introduits par une liste des personnages présents et un résumé sur le modèle des séries TV.
L'autre unité est donnée par un thème central et récurrent : la manière dont notre intime et notre sauvagerie propre peuvent s'inscrire dans le monde social et contemporain.

En résumé, des thèmes, une accumulation de matériaux, à partir des lectures, transformés pour en faire en livre. En évitant surtout les automatismes d'association. Prendre la foire internationale qu'est le réel et le transformer en féerie.
Ce que j'en ai pensé: pas facile de répondre à cette question. Lu sans difficulté, sans ennui, mais il m'a manqué la substantifique moelle.  Je retrouve dans mes notes beaucoup de phrases, d'expressions, à coté desquels j'ai mis trois croix, signe que j'ai envie de les recopier, d'en conserver une trace. Mais il y a un coté artificiel, gratuit, à cette fantaisie. On a envie d'être indulgent, car il y a de l'expérimental, une volonté d'innover. Sur Babelio, on retrouve un peu cet écart, entre saluer l'inventivité et une frustration de lecteur.
Le web est fait pour ça, être un laboratoire littéraire, avec les blogs, les sites, la manière de mêler les voix et les personnage. La forme enclose, fermée du livre n'est pas adaptée aux projets d'Emmanuelle Pireyre.
Un extrait qui m'a vraiment parlé:
Un jour où Linus avait beaucoup travaillé à l'architecture informatique, il tomba en transe et eut la vision de ce grand et beau Pingouin en train de déguster un poisson assis sur la banquise. Le Pingouin symbolisait le système d'exploitation qu'allait bientôt créer le jeune chercheur finlandais, et le poisson avalé représentait les codes trop complexes et les licences payantes. Le rêve de Linus signifiait que le grand Pingouin allait chasser et dévorer tout ce qui est trop compliqué, bidon et source de plantage. Il devait capturer l'ensemble des codes qui se tortillent comme des spaghettis, qui sont infesté de créatures dégradantes ou entravés par des licences inquiétantes et dangereuses. Le pingouin était serein sur la banquise, il n'aimait pas les emplois rémunérés, préférant qu'on se lève à n'importe quelle heure pour coder et qu'à d'autres moments, on laisse tomber pour jouer en réseau ou sortir faire un tour. Le Pingouin aimait les logiciels simples, astucieux, efficaces, gratuits. Depuis sa lointaine banquise des années 90, le Pingouin continuait de veiller sur l'esprit hacker, le copyleft et l'approche ludique du code. (p.135)

lundi 28 janvier 2013

Dubuffet: Restaurant Rougeot

Et un jour, on tombe sur une toile, une reproduction qui vous émeut presque aux larmes, on ne sait pas pourquoi. Pour moi, c'est le restaurant Rougeot, à l'époque où Dubuffet est revenu en ville et où il traite celle-ci comme un cirque("je veux que ma ville soit folle"). Cette toile m'a  donné la clé de l' oeuvre de Jean Dubuffet. Extrait du billet sur Jean Dubuffet. 

jeudi 24 janvier 2013

Jean Dubuffet unique dans son siècle


C'est l'histoire d'un homme qui veut être peintre.

Il essaie à deux reprises, vie d'artiste à 20 ans puis rentrer dans le rang sous la pression familiale, mariage, tenir un négoce en vin. Il essaie une deuxième fois, passé la trentaine. Deuxième échec, il cherche quelque chose mais ne se trouve pas (au contraire de Picasso, qui disait: je ne cherche pas, je trouve), mais il divorce, trouve la femme de sa vie, Émilie Carlu,  qu'il peint et avec laquelle il confectionne des marionnettes.
Année décisive: 1941, Jean Dubuffet a 40 ans et cette fois, c'est la bonne: vont s'ensuivre quarante-trois ans de création intensive. Ce questionnement d'avant l'oeuvre rend Dubuffet justement passionnant, on peut parler de ses influences: Masson, Fautrier, Céline (Nord est le livre qu'il annote jusqu'à la fin de ses jours) et l'art brut:
«Friand de productions échappant aux normes et ouvrant de nouvelles voies à l'art, nous avons orienté une part de nos recherches vers certains secteurs où se trouvent les meilleures chances de rencontrer des individus bien récalcitrants dans tous les domaines aux conventions sociales et bien animés de l'humeur d'aliénation acquise. »
Pour lui, l'important est d'être contre la culture. Un "réfutateur".  Il se souvient qu'enfant il ramassait et collectionnait végétaux et insectes sans distinction hiérarchique, sable, pierres, végétaux et organismes divers. Dubuffet ne peindra plus jamais les choses telles qu'il les voit mais telles qu'il les pense. L'art doit être le moyen d'expression de nos voix intérieures.  Il invente un art inculte, d'une stupidité revendiquée en choisissant ses sujets dans le quotidien.
Campagne heureuse, 1944, centre Georges Pompidou

La première partie du livre retrace le cheminement chronologique de Dubuffet, ses périodes: les portraits anti-psychologiques de ses amis, le désert et la découverte du sable, seul matériau où la mémoire du temps ne s'imprime pas. Justement, l'art doit naître du matériau: asphalte des villes, terre molle et érodée des chemins de campagne, et ce goût du matériau se retrouvera sur ses toiles. Cette envie de mettre le  basalte sur la toile
("le basalte me stupéfie. A genoux devant le basalte !)
Coucou bazar, 1973

On arrive à la période de l'Hourloupe, inspirée par les dessins semi-automatiques fait au stylo à bille quand il est au téléphone. Gaston Chaissac  qu'il a "découvert" (enfin, il l'a soutenu, leurs rapports ont toujours été compliqués, voir le billet sur Chaissac) en sera affecté et y verra un plagiat de son oeuvre. Il trouve un nouveau matériau, facile à travailler au fer chaud, le polystyrène.  Il s'investit pendant plus de dix ans dans ce monde virtuel
 « ...Je m'y complaisais fort bien et j'en ai gardé nostalgie. Cependant, je ressentais qu'il m'avait entraîné à vivre dans un monde parallèle et de pur invention, enfermé dans la solitude. Naturellement, c'était justement pour quoi il était fait, et pourquoi je m'y complaisais, mais j'aspirais à reprendre corps et racine.»
Dubuffet ne faiblit pas vers la fin de sa vie, il y aura les théâtres de mémoire, les crayonnages, les parachiffres. Puis les Mires juste avant sa mort.
La riante contrée, 1977

 J'aime beaucoup traverser ce genre de "Beau livre" quand il concerne un de mes artistes culte . Une oeuvre que j'ai envie d'étudier à vie parce qu'inépuisable. Un livre que je relie à mes archives persos et qui les complète.
Pourquoi Dubuffet? Comment trouve-t-on la "clé" d'un artiste? Question de sensibilité sans doute, il faut d'abord de la curiosité et de l'ouverture d'esprit, la haine des stéréotypes,  ne pas sortir la phrase idiote "même un enfant peut le faire" - bien que Dubuffet, amateur d'un art naïf, débarrassé de la culture et de l'imitation des grands anciens aimerait qu'on lui applique cette phrase. Et un jour, on tombe sur une toile, une reproduction qui vous émeut presque aux larmes, on ne sait pas pourquoi. Pour moi, c'est le restaurant Rougeot, à l'époque où Dubuffet est revenu en ville et où il traite celle-ci comme un cirque ("je veux que ma ville soit folle"). Cette toile m'a  donné la clé de l' oeuvre de Jean Dubuffet.

 Valérie Da Costa et Fabrice Hergott écrivent bien, inspirés on le sent par les propres écrits de Dubuffet, qui a longtemps hésité entre écriture et peinture. Et pour qui
 « Le langage est un élément essentiel dans son oeuvre. Il possède une force plastique qui lui permet d'agir sur le réel d'une façon équivalente à celle des ses oeuvres. Pour Dubuffet, la fonction de l'artiste consiste non seulement à créer des images, mais à les nommer.» 
Un livre qui possède le juste équilibre entre les reproductions d'oeuvres et la prose explicative. Et les écrits de Dubuffet dans la deuxième partie du livre sont des messages de liberté, des injonctions à penser autrement, une gymnastique de l'esprit à relire souvent pour sortir du pesant conformisme social et ses injonctions mortifères.
Seul éventuel petit bémol, mais les auteurs ont du faire des choix, ils ne parlent pas assez à mon avis de la place de l'art brut dans la vie de Dubuffet. En relisant le livre de Lucienne Peiry sur le sujet, il y a un an , j'étais frappé par le caractère protecteur, voire dictatorial de Dubuffet à propos de sa collection.

jeudi 17 janvier 2013

La crise, c'était déjà hier.




Toujours saisissants, ces télescopages dans l'espace-temps contemporain...Je suis en train d'écoper mes archives papiers (photographier/numériser puis direction la poubelle de tri) quand je tombe sur ce dossier de Télérama. On lit les premières lignes puis on regarde la date: 5 janvier 1994...Alors, c'était déjà la crise à l'époque ? J'avoue, je ne me souviens de rien. Au même moment, je faisais mon service militaire.
Et en 1974, en plein choc pétrolier, c'était comment ?
La ou le journaliste (désolé mais son nom est passé à la trappe) a recueilli les témoignages de sept personnes en lutte dans le monde du travail. Tous ces gens ont 19 ans de plus aujourd'hui, ce serait intéressant de savoir ce qu'ils sont devenus.

La crise. ll faudrait être sourd  et aveugle pour ne pas  la voir.
Le nombre alarmant  des SDF, les chiffres toujours  croissants du chômage ne sont que la partie immergée  d'un iceberg. Derrière, c'est le monde du travail même  qui s'écroule,  des  années  d'acquis  sociaux qui se désagrègent.
Devant la rareté de I'emploi, la solidarité s'effrite. Et trop d'entreprises,  de patrons  sans scrupules en profitent.  En recrutant sur la base d'insondables critères.  En abusant  des  contrats de formation.  Bref,  en exploitant une main-d'oeuvre malléable  et peu coûteuse,  corvéable  à merci et licenciable  du jour au lendemain...  De la modeste bénéficiaire  d'un CES  (Contrat  emploi  solidarité)
sans avenir à la quinquagénaire licenciée  pour faire place aux jeunes, de la caissière  à temps  partiel  à la victime d'une délocalisation,  du jeune diplômé qui court les entretiens au galérien  des stages,  sans  oublier le patron ruiné d'une PME, chronique  de la crise  ordinaire. Sept récits  d'un  combat quotidien pour une survie digne  dans  un monde du travail  de plus en plus impitoyable.
Télérama N°2295 - 5 janvier 1994
       Trois ans plus tard, reportage sur les travailleurs sociaux, assistantes sociales, éducateurs, animateurs, qui côtoient tous les jours la crise, la pauvreté. Rencontre avec ces mécanos du social: TRAVAILLEURS SOCIAUX. 


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