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vendredi 23 janvier 2015

King Kong Theorie Virginie Despentes

Virginie Despentes  King Kong Théorie. Grasset. Date de parution: 2006. 


Le livre percutant, accusateur et stimulant d’une femme en colère. 
Elle veut mettre des tatanes, balancer des uppercuts aux sales cons, aux types répugnants, à la masculinité libidineuse, à la féminité putassière et à la société qui engendre ces aliénations. 
Tout d’abord, elle se présente comme moche, une femme virile, pas féminine et déclare qu’elle s’en accomode très bien. Elle parle de la chance de faire partie d’une génération qui peut tout expérimenter, dont la liberté sexuelle n’est entravée par aucune morale. 
Mais il y a des blessures qui ne s’effacent pas. Celle du viol qu’elle subit au retour d’un concert en Angleterre. Elle se demande pourquoi les femmes ne se défendent pas plus. Parce qu’on leur apprend à être douces, à ne pas se défendre, elles sont muselées par les règles d’éducation d’une société dominée par les hommes. 
« Pourtant, le jour où les hommes auront peur de se faire lacérer la bite à coups de cutter quand ils serrent une fille de force, ils sauront brusquement mieux contrôler leurs pulsions masculines et comprendre ce que non veut dire. »
A propos de ce traumatisme elle écrit aussi que les livres ne pourront rien pour elle. 
Elle parle de son expérience de la prostitution, à rebours de tous les clichés. Tout d’abord, réaliser qu’en se féminisant pour jouer le rôle de pute, avec ce « costume d’hyperféminité », l’effet produit sur les hommes est réellement hallucinant. Ses clients, elle les trouve « affables, tendres », des pauvres types en mal de solitude qui culpabilisent souvent de faire appel à une prostituée. 
« C’est leur fragilité qui rendait le truc compliqué »

Pour la société, la pute doit rester une fille perdue, un objet de honte, honte du client et de son plaisir, pour sauvegarder l’institution du couple traditionnel. 
Elle traite ensuite du porno, elle a fait jouer des hardeuses pour son film censuré Baise-moi, et elle évoque l’agressivité incroyable des medias contre les hardeuses 
« Coralie Trinh Thi: il fallait qu’elle disparaisse de l’espace public» alors que dans le même temps ce sont des femmes qui impressionnent le plus les hommes car elles ont justement une sexualité d’homme. 


C’est un court pamphlet, un règlement de compte qui utilise la formule percutante, la phrase qui cogne à l’image de la musique ( Virginie Despentes se définit comme punk) et c’est ce qu’il reste, des phrases choc dans l’esprit du lecteur. Quand on en sort, on retrouve le monde réel, moins binaire, moins caricatural que sa vision de la vie, le calme étonne. Mais si ce livre donne de l’esprit critique et de la vigilance aux filles et les mecs moins sexistes, alors il aura fait un peu bouger les lignes...

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