Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués. Jean-François Vilar, points Seuil, 1993.
Ce titre poétique m’a longtemps fait rêver, quelques critiques en disaient beaucoup de bien. Jean-François Vilar est mort l’an dernier à 66 ans.
Il était une fois en France, à Paris, un homme qui revenait de mille jours de captivité, une prise d’otage. Victor Blainville rentre au pays, dans son Paris entre présent et passé. Son appartement est vide parce que pendant sa détention il a été victime d’un cambriolage.
Il y a les personnages du présent, Laurent le flic mystérieux, Alex le compagnon de captivité dont la mort brutale pose question, Solveig la mystérieuse journaliste d’origine tchèque, et Blainville qui rêve de Prague, Abigail la maîtresse d’Alex, son père qui a connu des personnages du passé, il y a le patron de presse amis d'enfance, tout un réseau de personnages désabusés qui se croisent, couchent ensemble...Et puis il y a les personnages du passé qui viennent les supplanter, Breton revenu du Mexique, Katz et le mystérieux Jacques, Mina et Félix, Hitler qui avance ses pions...On apprend beaucoup de choses sur le passé, Léon Sedov le fils de Trostsky, l’influence d’André Breton, la place du communisme en période d’avant-guerre. Il y a ce vagabond qui attend dans les rues, que le narrateur retrouvera même à Prague...
Style un peu répétitif qui laisse des images dans la tête. On sent que Vilar n’a pas envie de finir son roman, il n’a pas envie que son histoire se termine, il veut nous en apprendre encore plus sur Trotsky qui va se faire assassiner, sur la mort mystérieuse de son fils en France, l’opposition entre staliniens et trotskystes en France... Sa sobriété l'air de rien, l'errance de son héros principal qui ne sait plus qui a fait quoi, pour de vrai, pour de faux, dans le passé, dans le présent, a-t-il la victime d'une expérience...
Ce n’est pas vraiment un polar mais un roman de la désorientation, une expérience borgésienne, un jeu de tiroirs, des personnages dont on ne se méfie pas mais qui ont tous quelque chose à cacher.
D'abord, je vous ai pris pour un rêveur, puis pour un ahuri. Après, je me suis dit que vous cachiez sacrément votre jeu. Quel est votre jeu ? Je dois reconnaître qu'avec vous on ne s'ennuie pas. Ce n'est pas tous les jours qu'un otage libéré se fait agresser par une bande de skins fascistes que met en déroute un ancien garde du corps de Léon Trotsky.
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