Jean-Christophe Rufin Immortelle randonnée (Gallimard) 2014
Quand il a fait la randonnée-pèlerinage de St Jacques de Compostelle en passant par le chemin du nord (800 km), Jean-Christophe Rufin n’a pris aucune note. Il voulait juste vivre l’expérience sans intention d’en faire un livre. Il juge son expérience avec du recul.
C’est d’abord une expérience de marcheur, un défi sportif, une purge intellectuelle et un moyen de se détacher des oripeaux sociaux (ambassadeur, académicien). Nul ne fait plus attention à lui.
Il y a la période d’acclimatation d’une semaine puis le pèlerin, bien calé dans sa crasse, dans sa fatigue latente, se transforme peu à peu. Cet enseignement de la frugalité, cette paix qui augmente au fur-et-à-mesure de la marche ressemble davantage pour lui à un pèlerinage bouddhiste que chrétien.
On a du plaisir à pérégriner avec l’auteur, il nous reste une impression générale servi par la prose classique, quelques portraits, les haltes, le fait que le pèlerin est de toute façon seul jusqu’au bout, son dénuement et sa faiblesse contre le monde moderne. Mais il y a parfois un abus de grandes phrases, de sentences sur l’existence un peu creuses qui paraissent être des subterfuges pour remplir le livre.
Au fond, ce que Rufin semble chercher, c’est la preuve que la marche, geste simple, le dénuement, la pauvreté sont des formes de résistance à l’aliénation du monde moderne. J’ai aimé les détails concrets du randonneur : le plaisir de bivouaquer pour éviter le plus possible les dortoirs communs, l’intérêt pour la MUL (marche ultra légère).
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