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samedi 6 février 2016

Descendre aux enfers avec Vernon Subutex

VERNON SUBUTEX, Virginie Despentes. Éditeur : GRASSET (2015)


«Il restait chez lui. Il bénissait son époque. Il descendait de la musique, des séries, des films. Il avait petit à petit cessé d’écouter la radio. Depuis ses vingt ans, son premier réflexe du matin avait toujours été de l’allumer. Mais à présent, ça l’angoissait sans l’intéresser. Il avait perdu l’habitude d’écouter les infos. Pour la télé, ça s’était fait tout seul. Il avait trop à faire sur Internet. Il jetait encore un œil aux gros titres, sur Internet. Mais il était surtout sur des sites porno. Il ne voulait plus entendre parler de la crise, de l’islam, du dérèglement climatique, du gaz de schiste, des orangs-outangs malmenés ou des Roms qu’on ne veut plus laisser monter dans les bus.»

On nous présente Vernon Subutex, un ancien disquaire qui perd son RSA et son appartement. Son ami, une vedette en proie à ses démons,  Alex Bleach, vient de mourir. Vernon perd son seul soutien financier et se retrouve à la rue. 
Et soudain, ça démarre...Vernon doit se faire héberger, et c’est la valse des points de vue ou plutôt les combats de boxe de points de vue. On est sur un ring et les combattants jaillissent et cognent. Pugilat verbal, ce que je pense de mon existence (pourrie), ce que je pense de toi, comment tu as évolué, et moi mes déceptions, mes réussites, car j’ai vécu, moi monsieur. Des caractères nous sont décrits comme des monologues intérieurs et c’est une façon de surprendre le lecteur, telle personne qui se voit d’une façon est considérée par les autres d’une autre manière. Les ridicules de l’époque sont pointés, la mode, le sexe, le porno, l’alcool, la drogue, la destinée, les gens qui changent, les amis de longue date, le rock, la musique...Philippe Lançon: Despentes n’est jamais aussi bonne que lorsqu’elle décrit les ex-stars du porno, les transsexuels, les zonards, la vulgarité envieuse des gens de cinéma et de télé. 

C’est un roman composé de moments forts, pas de temps mort qui permettent de respirer, ça cogne en faisant de nos pensées au jour le jour un contenu littéraire. Je ne sais pas comment ça va vieillir mais on y prend un plaisir de lecture certain. Une fois qu’on s’est embarqué dedans, difficile de s’en défaire, on enchaîne les scènes dans le décor urbain, on sent Paris jusque sur son bitume, ses trottoirs, son odeur d’urine et ses crottes de chien.  Avec un regard acéré, Virginie Despentes dépeint des profils sociologiques aussi différents que le bobo ou le SDF. 


On retrouve son style percutant ( decouvert sur ce blog avec King kong Theorie), une méchanceté salvatrice, de la littérature considérée comme une manière de régler ses comptes avec l’existence, les règles sociales, les rôle qu’on est obligé de jouer. C’est comme si elle portait à incandescence tout ce qu’il y a de drôle chez Houellebecq. Roman étonnant  car c’est finalement assez rare d’oser cette valse des points de vue, ces confrontations directes, ces successions de morceaux de vie commentés en monologues intérieurs. Je note plein de phrases, j’ignore si c’est de la grande littérature, on s’en fout, j’ai pris un gros kif à lire cette histoire qui nous fait prendre du recul sur les vanités de l’existence et nos croyances. 
Et la bonne nouvelle, c'est qu'il y a un tome 2, vive le roman feuilleton. 

lundi 25 janvier 2016

Comment des hommes ordinaires deviennent fanatiques

Gérald Bronner, La Pensée extrême, PUF, 363 pages


Face à la violente sidération provoquée par les meurtres commis à Paris en 2015, on a ressenti le besoin d’accuser de folie les terroristes qui ont tué à l’arme de guerre des gens qui nous ressemblent.
Gérald Bronner, sociologue spécialiste des phénomènes de croyances, a écrit en 2009 ce livre qui traite de la pensée extrême, comment des gens en viennent à croire à des choses irrationnelles. Il ne traite pas seulement du terrorisme islamiste mais aussi des phénomènes sectaires, des coups de folie (Maxime Brunerie), des fans et des collectionneurs. 


Il y a une idée reçue qui veut que les terroristes en particulier ou  les personnes adhérant à des idées extrêmes sont fous ou différents de nous-même. C’est une explication qui satisfait  notre « raison paresseuse ». Si nous y croyons c’est aussi que nous prenons la situation à son point ultime, celui du non-retour, nous n’avons pas assisté aux prémices des croyances, au-moment où elle est encore friable et ne s’est pas renforcée avec le temps et la répétition. 
Gérald Bronner explique pourquoi nous nous satisfaisons d’idées toutes faites et il cite des exemples historiques où les chercheurs ont su aller au-delà de leur raison pour comprendre un problème. 

Exemple d’une idée fausse: celle qui lie l’extrêmisme sectaire et le faible niveau social et scolaire. Les auteurs des attentats du 11 septembre avaient des diplômes supérieurs. Ce n’est pas le niveau d’éducation qui nous protège des idées fausses ou des canulars, mais plutôt notre conception trop restreinte de la rationalité humaine. 

Le sociologue préfère comprendre comment Al Quaida a réussi à élaborer un système argumentatif puissamment construit et pourquoi sur le « marché cognitif » leur interprétation de l’Islam est vite apparue compétitive. 
Nous pouvons essayer de comprendre le processus qui s’est mis en place et qui est graduel, ce que l’auteur nomme incrémental. Un processus similaire a été bien étudié dans les dérives sectaires. 

« Entrer dans une secte, c’est comme gravir un escalier dont les premières marches sont toutes petites. »

L’isolement des convertis conduit à un oligopole cognitif qui aboutit à ce que les croyances minoritaires sont endossées de façon plus ferme et durable. 
Par exemple dans l’adhésion par transmission: dans le milieu familial, il y un monopole cognitif et il est difficile de s’émanciper intellectuellement d’une emprise. Et là, on pense bien sûr aux fratries tueuses: les frères Kouachi, les frères Abdeslam, Mohamed Merah qui a reçu le soutien d’un frère et d’une soeur....
Dans l’adhésion par frustration, il montre que les individus de la société actuelle subissent un taux de frustration supérieur à tous les autres systèmes sociaux. 

« La massification de l’enseignement supérieur et l’augmentation du taux de diplôme n’accroît pas mécaniquement la proportion de positions sociales prestigieuses. »
Et il cite le nombre important de gourous de secte qui ont tenté de percer d’abord dans le show biz,  « La frustration et le désir de reconnaissance forment un mélange étonnant ». Nos démocraties sont des sociétés de Tantale...
L’extrêmiste trouve un certain apaisement à endosser des idées extrêmes: il entre dans le temple de la pureté, il fait table rase de son passé. 


Ce livre explore et défriche le domaine mental de ceux qui vivent dans un monde simplifié, avec un but ultime, au point de sacrifier leur vie. Un livre à la lisière de la psychologie sociale et de la sociologie, on le range dans la cognition sociale. Penser l’impensable, expliquer ce qui nous paraît être le mal absolu, c’est prendre un risque dans un pays en état d’urgence...On peut espérer que ces systèmes de pensée soient étudiés par les directions du renseignement afin de prévenir l’endoctrinement...L’article qui m’a donné envie de lire ce livre: http://www.telos-eu.com/fr/comprendre-la-sideration.html

mardi 5 janvier 2016

Grossir le ciel, de Franck Bouysse

Franck Bouysse   Grossir le ciel  Éditeur : Manufacture de livres (2014) 


Gus est un paysan des Cévennes qu’on jurerait avoir rencontré dans les documentaires de Raymond Depardon. Un homme oublié dans la diagonale du vide, sur une terre aride et dure, qui s’est forgé à l’image de cette nature et d’une enfance tourmentée. 

Gus est le dernier descendant d’une lignée qui va disparaître. Bourru, peu sociable, il n’a qu’un seul ami, si on peut parler ainsi, le vieil Abel qui possède la ferme la plus proche de la sienne. 

Le point de vue du roman est centré sur ce personnage que nous accompagnons dans son quotidien. Et c’est ce qui fait la force de cette histoire: ce pouvoir de nous intéresser aux menus gestes du quotidien d’un cul-terreux. Le matin, il va libérer ses veaux pour qu’ils tètent aux pis de leur mère, lui-même va tirer du lait au pis de la vache pour le faire chauffer sur la cuisinière. 
La mémé disait toujours qu’un café bouillu, c’était un café foutu, le genre de leçon qui ne s’oublie pas. 
Qui va réparer une clôture, bucheronner des chataigniers. 
Gus avait toujours aimé faire du bois de chauffage. Tronçonner, débiter, fendre, empiler. Il s’agissait de la seule activité qu’il eût jamais partagée avec son père, vraiment partagée, même s’ils ne se parlaient pas en travaillant...

Le romancier fait plus que nous intéresser: il introduit du mystère, un suspens dans cette vie de paysan tout ce qu’il y a de banal. Tout se passait normalement dans la vie de Gus, homme qui s’est toujours satisfait de ce qu’il possédait. Mais le monde extérieur vient s’immiscer, d’abord par la télévision, on est en hiver 2007 et la mort de l’Abbé Pierre émeut le vieux paysan dans sa ferme isolée du lieu-dit Les Doges. Et puis il y a ces coups de feu dans la nuit, il y a ce sang chez son voisin Abel qui devient étrangement menaçant. Des prédicateurs se mettent à rôder et à poser des questions...

Le style de Franck Bouysse, parsemé par touches discrètes d’un vocabulaire recherché, donne une impression de simplicité qui s’accorde avec l’univers rustique qu’il dépeint. C’est le parfait mélange entre les descriptions de paysage qui rendent la majesté des lieux « belle lumière chapeautant la rangée de chêne », gestes et sons du quotidien « bruit des sabots écassonnant la terre », tout en dévoilant peu à peu les secrets du passé et les fêlures de ses personnages. 


Une très belle réussite. 

samedi 2 janvier 2016

Un poète russe à Venise

Acqua alta    Joseph Brodsky   (Arcades Gallimard)
traduit de l’anglais par Benoît Coeuré et Véronique Schiltz

Source de l'image


Une nuit de décembre, un voyageur coiffé d’un borsalino et vêtu d’un trench coat arrive en train à Venise. Avant même de voir la dentelle verticale des façades, les coupoles recouvertes de zinc et le profil penché des campaniles, l’odeur des algues glacées l’emplit de bonheur. 

Au moment de l’écriture de ce long poème en prose, il est venu dix-sept fois, il a observé dix-sept hivers le visage de cette ville. Car l’oeil est le sens roi dans une cité qui lance un défi à la beauté. 
L’oeil acquiert dans cette ville une autonomie comparable à celle d’une larme. 
Ici, les nuits sont pauvres en cauchemars mais elles peuvent être froides, très froides même dans les appartements de circonstance aux plafonds élevés que le poète déniche pour ses pèlerinages annuels. Tout autour la ville toute entière est comme un orchestre gigantesque. 
Quand au titre du livre, l’acqua alta, le poète russe la définit par cette phrase: 

Les soirs d’hiver, la mer, gonflée par un vent d’est contraire remplit à ras bord les canaux et parfois les fait déborder. (...) Les rues se vident; boutiques, bars, restaurants et trattorias baissent leur rideau. Seules les enseignes restent allumées, s’autorisant enfin un peu de narcissisme tandis que le pavé fait un instant, superficiellement, concurrence aux canaux. 

Voilà un beau texte, très littéraire, où le poète russe cherche à comprendre sa fascination pour la cité des Doges, il mêle souvenirs personnels (visite d’un palazzo et son enfilade de pièces vides, ses tentures, ses miroirs et la poussière) et impressions fugaces, descriptions saisissantes 
Le brouillard local, la fameuse nebbia gommant tout ce qui a une forme: édifices, gens colonnades, ponts et statues... le tunnel que s’est foré dans le brouillard votre propre corps...

sans rien cacher des difficultés de la vie pratique, les difficultés à venir et à vivre ici, d’y trouver un logement, et son coeur malade qui fait peser sur sa vie comme une menace. Ce livre, écrit en anglais, fut publié en 1992, quatre ans avant la mort de Joseph Brodsky. 

samedi 26 décembre 2015

Cauchemar à New York: Necropolis

NECROPOLIS d’Herbert Liebermann 1976, traduit de l'américain par Maurice Rambaud. 


40 ans après sa publication, Necropolis impressionne toujours autant, miracle du polar et de la littérature qui semble être la matrice de toutes les séries américaines qu’on a vu depuis. 
D'ailleurs, sur Babelio, on ne s'y trompe pas, j'ai rarement vu une telle unanimité à propos d'un livre: lien les critiques du livre sur Babelio. Beau pouvoir de la fiction et de la littérature, 40 ans après son écriture ! Ça console.
« Les mains, on s’en fout, mais retrouvez-moi les foutues têtes ! »
Paul Konig, médecin-chef du service médico-légal de la ville de New York est sans pitié avec le vieux flic dur à cuire qui a retrouvé des bouts de corps sur les berges boueuses du fleuve. Et plus généralement avec ceux qui sont sous ses ordres, collègues, assistants qu’il est capable de s’aliéner. C’est un roman efficacement mené avec un personnage mal embouché, fantômatique, incarnation d'un roi sur son royaume désolé -le service médico-légal- la morgue de New York, sorte de roi devenant fou, un personnage unique, ce Paul Konig.
A plus de 60 ans, le médecin n’a rien d’un mou ou d’un libéral. C’est un homme pétri de moralisme et un expert mondialement reconnu dans son domaine: l’autopsie.
« Les rapports de Konig sont célèbres dans le monde entier, il est l’autorité suprême. » 
 Il fascine les membres de son équipe par sa capacité à faire parler les corps, à les reconstituer. A l’image de son vieux maître Banhof, lui aussi est « Un ascète et un érudit qui ne vivait que pour son travail et était mû par une impitoyable passion de la vérité. »

Mais, dans la solitude, la façade se fissure. Paul Konig vit un drame secret, une attente insupportable : la disparition de sa fille. Il rêve d’elle, il l’imagine dans la grande ville et parcourt les rues malgré la douleur, drôle de vieux fou échevelé devenant la proie des humiliations.  On le verra mortifié, à bout de nerf, s’épuisant à la tâche, s’enfonçant toujours plus loin dans le cauchemar, entre les accusations de corruption pour vol de cadavre, errant tel un fantôme dans sa grande maison silencieuse pleine de souvenirs. 
Le but semble être de mettre ce personnage dans l'état physique et mental le plus bas, le pousser à bout. Et capable de génie pour assembler des bouts de corps...
Paul Konig est un des plus beaux et marquants “héros“ de roman qu’on puisse trouver. Si Necropolis échappe au cadre de la littérature de genre, il le doit en partie à ce personnage shakespearien. 
Il le doit aussi à son réalisme minutieux, ses descriptions cliniques et documentées du monde d’une salle d’autopsie. Herbert Lieberman a suivi pendant plus d'un an l'équipe de l'Institut médico-légal de Manhattan. Ce grand roman tient sa ligne haletante jusqu’au bout, on a peur de savoir la fin, et son impact sur l’esprit du lecteur vient de son découpage, de son absence d’esbroufe, juste l’efficacité d'une narration au visuel cinématographique, sa façon de rendre sobre et réel le rictus diabolique de la mort.


samedi 10 octobre 2015

Héléna Marienské Les ennemis de la vie ordinaire


Héléna Marienské    Les ennemis de la vie ordinaire (Flammarion)

Lu dans le cadre de l’opération Masse critique. Merci à Babélio et à Flammarion pour l’envoi de ce livre.
Une psychologue sûre de son savoir de thérapeute réunit des hommes et des femmes victimes d’addiction. Il y a le joueur compulsif, dépendant de la roulette, l’héroïnomane en voie de clochardisation, l'accro au sport qui finit en fauteuil roulant, l’obsédé du sexe (et grand littéraire) qui va passer les bornes, la bourgeoise alcoolique et humiliée par son commissaire priseur de mari, le prêtre cocaïnomane sosie du pape et j’en oublie, ils sont sept en tout. Tous ces personnages sont habilement caractérisés, chacun ses habitudes, ses tics de langage, ses passions.
Cette belle galerie d’originaux va évoluer dans une direction non voulue. Le mélange des ces personnalités addictives va faire des étincelles. Ils vont apprendre les uns des autres, que ce soit l’amour ou le poker. La thérapeute, qui incarne une sorte de norme, bienveillante mais imbue d’elle même, va se retrouver dépassée jusqu’à disparaître. L’addiction, ou plutôt la polyaddiction, devient la norme. Et le roman va se boucler jusqu’à sa conclusion burlesque....
C’est une belle manière d’inverser notre rapport au monde: les humiliés, ceux qui sont en échec, deviennent à la fin les vainqueurs éphémères.
Si j’ai aimé ? Je me suis laissé happer par l’histoire, j’ai admiré le savoir-faire et l’habileté de Héléna Marienské pour créer ses personnages, mais le roman souffre de son efficacité et de son (relatif) happy end. J’aurais aimé plus de noirceur et un final vraiment apocalyptique...

jeudi 1 octobre 2015

La vie parallèle du buveur de sang


Nick Tosches Moi et le Diable (Albin Michel) traduit par Héloïse Esquié. 


Lu grâce à l'opération Masse critique de Babelio, c'est toujours valorisant de recevoir le livre juste avant sa parution, en "épreuves non corrigées" comme il est écrit dans un gros rond rouge...Les critiques des lecteurs reflètent assez bien mon sentiment. Une prose fantasmagorique mais une histoire qui s'étire un peu trop...

Nick est un vieil écrivain alcoolique qui nous raconte son quotidien. Il se considère comme le spectre édenté d’un homme fini et traîne de bar en bar sa misère et son physique ruiné par l’âge et les excès. C’est aussi un esthète capable d’écouter Alina ou Litany d’Arvo Pärt qui accorde une grande attention aux nourritures qu’il met dans sa bouche. Le vocabulaire précis et choisi avec lequel il détaille sa vie transforme la banalité en un monde chatoyant.
Belle description de son New York qu’il a vu changer, notamment ce quartier du Sud de Manhattan transformé en une perpétuelle vallée d’échafaudages, qui s’est boboïsé comme on dirait en France. Finie l’époque où il dormait sur son escalier de secours.
Il est obsédé par l’alcool, par les Alcooliques anonymes et à l’espoir que suscite en lui Olivier Ameisen  et sa trouvaille du Baclofène.
Puis vient le sang qui va remplacer l’alcool. Son ami Keith Richards (qui s’y connaît en addictions) le met en garde: ceux qui goûtent le sang font un voyage sans retour. J’ai vu des choses sortir d’eux lui dit-il. Le point de non-retour est proche... Surtout quand deux femmes sont retrouvées égorgées au coin de la rue...Entretemps, il vit une histoire d’amour avec la jeune Lorna, une étudiante, et s’en va retrouver sa vitalité en fouettant une vierge consentante, et goûtant son sang naturellement.
Nick se sent de mieux en mieux, il a arrêté de boire, ses sens s’aiguisent, son corps rajeunit, les écrits spirites de son double somnambule et leur poésie bizarroïde le surprennent au réveil. Il se retrouve au royaume de la santé éclatante, son groupe sanguin changeant de manière inexplicable...De quoi attirer l’attention du Diable en personne...
Baudelairien en diable, ce roman exalte la puissance de la vie couplée à la mort, la pulsation du sang qui parcourt le corps. Roman étrange et crépusculaire du plaisir rare et illicite, du mot recherché, où Nick le vieil écrivain s’invente une vie de buveur de sang et de fouetteur de vierge. J’ai mis plein de petite croix, nombreux passage de bravoure, dommage que la narration ne soit pas plus resserrée, se délaie un peu dans la répétition. On sent que l’écrivain est parfois un peu à bout de souffle et se contente de greffer une vie parallèle à celle de son double.