Paris, Maison Rouge, dernière expo, L'Envol ou le rêve de voler. Jusqu'au 28 octobre 2018.
Comme toujours, ça commence doucement, on pousse le petit portillon. Au-dessus de notre tête, suspendu, il y a un avion en carton.
Dans le petit couloir, une scène de film est projetée sur le mur, Marcello Mastroianni s’installe dans un petit hélicoptère qui s’élève dans les airs, une statue du Christ suspendue. C’est la Dolce vita de Fellini.
Photos de Philippe Ramette, un homme dans les airs ne tient qu’à un fil dans un parc, un homme porte un ballon d'hélium sur la tête.
En sortant du couloir on tombe sur le vélo hélicoptère de Gustav Messmer. Il donne le ton d'une expo qui fait la part belle à l'art brut. Des sculptures bricolées de bric et de broc par des doux dingues qui ont connu l’enfermement, l’hôpital psychiatrique.
Dans une vitrine, une belle aile blanche de Rodin se démultiplie par un jeu de miroirs.
Dieter Appelt, le canyon à Oppedette. Trois photos séquentielles, une dédicace à Marguerite Duras, structures d'aile dans l'herbe, puis vision de cet homme perché sur une corniche à l'intérieur d'une immense grotte (ou canyon)...les deux ailes accrochées à ses bras, mythe d'Icare.
Les Chaises de Lucien Pelen, dans des paysages vides, un champ de cailloux, quelques arbres, une silhouette d'homme en mouvement de chaise, grandes photos charbonneuses, personnage à chercher dans l'image, comme une ombre...
Série de photos argentiques, des plongeurs de compétition saisis dans leur saut. Un petit garçon funambule tenant son balancier... des lignes qui zigzaguent sur le fond du ciel.
Une femme funambule, anonyme, nous dit-on, vue de loin.
Les Frères Zacchi, hommes canon au moment où ils jaillissent de la bouche, c'est très flou, on imagine une scène dans un cirque d’antan. Les hommes canon existent encore.
De grandes ailes en structure de bois et plume dans une vitrine en taille réelle et des photos de l'homme de dos qui les porte, c'est Mario Tézic.
Au milieu de la pièce, des cloisons de toile translucide abritent une petite chambre où il est interdit d'entrer. Il y a une lampe de chevet allumée, on a l’impression que l’habitant va bientôt revenir. Comment devenir meilleur, questionnent Ilya et Emilia Kabakov et ils donnnent le mode d'emploi sur un petit texte.
Plusieurs photos de visages en gros plan, il y a une femme en extase religieuse, une femme qui a pris du LSD...
La vitrine ethnographique nous présente des oeuvres des arts premiers.
Passer sous une structure réfléchissante, Trypps#7 de Ben Russell, 6 miroirs réfléchissent le visage d'une femme filmée gros plan.
Les visiteurs peuvent s'allonger pour regarder une série de films de danse projetés au plafond.
Couple tournoyant: Aurélie Dupont donne un baiser et reste accrochée à son compagnon par la force de son baiser, dans une danse qui paraît éternelle.
Nos solitude de Julie Nioche présente un homme suspendu à des cables. Il descend et flotte dans les airs au gré des contre-poids autour de lui.
Article de Match nous présentant le dernier saut de Nijinski chauve et vieilli.
Les premières planches d’Arzach, de Moebius. Les images colorées de Koji Shima.
Il y a ce livre fabriqué et cousu à l'intérieur d'une vitrine, il y a cette oeuvre sorte de radeau en bois sur lequel sont imbriquées des fioles des objets trouvés...
Et qui cet homme anonyme (Zorro dit) sur ces photos...
Peintures d'art brut, photos d'ovni, chambre reconstituée d'un homme qui se dit enlevé par des extra terrestres. Les petites filles d'Henry Darger.
Une cage à la porte ouverte.
Comme souvent à la Maison Rouge, les vrais surprises les performances impressionnantes arrivent quand on passe dans les pièces plus sombres.
On peut regarder le Voyage dans la lune de Meliès diffusé en boucle. Dans la pièce avec balcon, il y a une sorte de planeur suspendu, tandis que sur le coté un truc blanc avec une phrase en anglais invitant à essayer.
Dans la pièce opposée, le mystère suspendu. Attention les oeuvres sont fragiles. Il y a une immense échelle en bois qui monte vers le haut. Une sorte de bulle rose où j'imagine un cerveau...
Un astronef en bois dont on peut voir l'intérieur clignotant fils rouges fils bleus et à l'arrière des sons comme s'il s'apprêtait à partir.
On peut entrer dans une petite pièce, se déchausser et marcher dans du polystyrène , l'expérience est curieuse, se retrouver avec des inconnus pieds nus dans un sas sombre, son des pas dans l'épaisse mousse blanche, sorte de maison troglodyte sans lumière. Lien Instagram.
Puis on descend. Il y a cet homme qui danse dans son village de pierre. Et puis les oeuvres qui vont le plus me fasciner, des dessins sous verre, gens suspendus selon un point de vue en hauteur. Croquis de petits dessins de signes qui forment une sorte de langage inventé.
Palanc, l'homme qui crée avec des coquilles d'oeufs.
Enfin, dans la pièce du fond, les petits films de Roman Signer celui où des hélicoptères parfaitement alignés sont mis en route au même moment et se mettent à voler de façon anarchique, se cognant les uns aux autres, se crashant, rebondissant sur les murs, s'écrasant dans un multi-vrombissement d'insectes déchainés...
Celui où ils scotche deux parapluie sur une plage venteuse et lâche l'objet qui va rouler dans les dunes jusqu'à la mer. Celui où il monte dans une petite voiture un casque sur la tête, ses comparses retournent la voiture nez pointé vers le ciel, un compte à rebours commence, pof, disparition, un blanc...
Au milieu de la pièce, des objets volants fabriqués avec du matériel de récupération, beaucoup de stylos...
A l'autre bout de la pièce, grande photo de Une sorcière semble s'être crashée sur un mur en ayant perdu le contrôle de son balai. Et, à gauche, le mur bleu avec la tache de sang, on a juste la photo de ce qui s'est passé, le corps a été retiré...
Pendant ce temps, dans un angle de la pièce, le métronome de diapositives projetées sur le mur, photos en noir et blanc de fous volants. Ce qui me rappelle ce petit film du haut avec cet italien qui essaie de s'envoler, bat des ailes, revient et recommence.
Je refais un tour dans les salles du haut, je croise les gardiens qui me paraissent familiers, c’est ma troisième visite. Le restaurant est fermé, quelques vieilles dames prennent encore le thé, je regarde le type qui essuie l’intérieur de l’horloge pour l’éternité, de toute façon on va revenir avant que ça ferme, pour tester le photomaton de l’entrée.
Dehors il fait frais, j’ouvre mon parapluie. L’esprit encore émulsionné par tout ce que j’ai vu, je traverse prudemment les rues.
Liste des artistes exposés:
Hans-Jörg Georgi
Federico Fellini
P. W. Wodehouse
Philippe Ramette
François Burland
Sethembile Msezane
Gustav Mesmer
Auguste Rodin
Lucien Pelen
Dieter Appelt
Eikoh Hosoe
Alexandre Rodtchenko
Lev Borodulin
Dara Friedman
Shimabaku
Mario Terzic
Gino de Dominicis
Otto Piene
Pierre Henry
Miroslav Hucek
Agnès Geoffray
Fernand Desmoulin
Jacques-Henri Lartigue
Albert Rudomine
ean-Philippe Charbonnier
Heinrich Nüsslein
Henri Cartier Bresson
Jan Malik
Ben Russell
Brassaï
Salvador Dalí
Yuichi Saito
Frédéric Pardo
Robert Malaval
Ilya et Emilia Kabakov
Loïe Fuller
Vaslav Nijinski
Phia Menard
Heli Meklin
Yoann Bourgeois
Angelin Prejlocaj
Julie Nioche.
Robert Rauschenberg
Peter Moore
Merce Cunningham
Alfred Statler
Winsor McCay
Mœbius
André Robillard
Guillaume Pujolle
Emery Blagdon
Charles August Albert Dellschau
Ionel Talpazan
Julius Koller
Melvin Edward Nelson
Karl Hans Janke
Panamarenko
Kiki Smith
Joel-Peter Witkin
Friedrich Schroder-Sonnenstern
Roger Lorance
l’abbé Fouré
Henry Darger
Janko Domsic
Prophet Royal Robertson
Stephan Balkenhol
James Kwabena Anane
Urs Lüthi
Georges Méliès
Philippe Thomassin
Nobuko Tsuchiya
Cai Guo-Qiang
Oswald Tschirtner
Fabio Mauri
Stéphane Thidet
Vladimir Tatline
Didier Faustino
Yves Klein
Simon Faithfull
Rebecca Horn
Parviz Kimiavi
Matthew Ivan Smith
Kim Jones
Johannes Stek
Kim Dong-Hyun
Zdeněk Košek
Palanc
Robert Herlth
Roman Signer
Damián Valdés Dilla
Georges Widener
Pierre Joseph
Nils Strinberg
Jean Perdrizet
Hélène Delprat
Jules-Étienne Marey
Nicolas Darrot
Hervé Di Rosa
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