Marcher à Kerguelen
Gallimard (08/02/2018)
François Garde, écrivain et haut fonctionnaire français, a administré (et un peu visité) l’archipel des Kerguelen. Cette île le hante. Il monte une expédition.
Nommer le grandiose
Pour s’y rendre, 4 rotations par an du Marion Dufresne qui part de La Réunion à 3360 km, 10 jours de voyage. Il choisit les membres de son équipe et ils se lancent en novembre 2015. Avec lui, Mika, un spécialiste des expéditions au Groenland, Fred, le médecin aguerri aux secours en haute montagne et Bertrand, le capitaine de marine qui a lutté contre la pêche illégale autour de l'archipel.
Pour s’y rendre, 4 rotations par an du Marion Dufresne qui part de La Réunion à 3360 km, 10 jours de voyage. Il choisit les membres de son équipe et ils se lancent en novembre 2015. Avec lui, Mika, un spécialiste des expéditions au Groenland, Fred, le médecin aguerri aux secours en haute montagne et Bertrand, le capitaine de marine qui a lutté contre la pêche illégale autour de l'archipel.
Tous les soirs, sous la tente, il tient son journal. Il essaie de nous faire ressentir le coté grandiose des paysages, à la fois pauvres en couleurs - absence de végétation- mais riches en images de murailles, de rocs, de monolithes, vallées, estuaires...
Tous ces endroits ont des noms « Baptiser, c'est arracher au néant. »
On peut trouver en ligne les photos de Mika (Michael Charavin) et Bertrand (Lesord).
On peut trouver en ligne les photos de Mika (Michael Charavin) et Bertrand (Lesord).
La horde du contre-vent
« Kerguelen est voué au vent. Son souffle ne semble jamais devoir cesser, ni cesser de nous surprendre », il hurle la nuit et menace d'emporter leur tente arrimée au sol par d'énormes pierres. Il est tellement puissant qu'il détourne les cascades vers le ciel...
« Kerguelen est voué au vent. Son souffle ne semble jamais devoir cesser, ni cesser de nous surprendre », il hurle la nuit et menace d'emporter leur tente arrimée au sol par d'énormes pierres. Il est tellement puissant qu'il détourne les cascades vers le ciel...
La pluie incessante
Et puis il y a des journées de pluie, des traversées à gué de torrents tumultueux ou de lacs de montagne en repérant le meilleur endroit, retirer à chaque fois les chaussures de montagne et le pantalon, franchir des chutes d'eau, des montées d'éboulis, des plages de graviers noirs où l’on côtoie des manchots royaux ou des éléphants de mer qui n'ont pas peur de l'homme.
Doute, danger et bonheur
Doute, danger et bonheur
Ils éprouvent la fatigue, le doute, les journées de marche harassantes, à la carte et à la boussole, dans un monde sans repères, sans balisage ni sentiers tracés. La crasse, les vêtements sales, l’absence de miroir et d’électricité font partie du jeu.
Ils ont laissé leur montre et leur portable sur le navire, les nuits rythment le temps. L'auteur parle aussi du bonheur, de l’euphorie d'être dans ce monde sauvage où ils se sont abandonnés...Comme cette source d’eau chaude:
« Aucun bassin, aucun spa de palace ne m’a plongé dans des délices plus exaltés que ce trou dans un ruisseau d’eau tiède, courant dans une prairie sans arbres, au travers d’une vallée battue par les vents et les brumes.»
Des animaux amenés par l'homme
Ils entrent dans la zone qui subit la présence des espèces introduites par l'homme, le lapin qui mange le chou, le chat devenu haret, les troupeaux de rennes - extraordinaire vision de deux rennes morts aux bois entremêlés.
Ils franchissent un col impossible, ils marchent en aveugle, dans la neige tourbillonnante. Un lac s'est déplacé, les cartes ne sont plus à jour.
Les cabanes rouges
Elles sont disséminées sur l’île pour permettre aux hivernants de se ravitailler. Ce sont des haltes bienvenues, des petits paradis pour les marcheurs habitués à la tente, énumération des boîtes de conserve et autres friandises qui les change des repas lyophilisés répétitifs. Sur des cahiers, on note son passage par un petit mot qui sera lu par les rares voyageurs. Souvent des scientifiques en mission.
Marcheurs solidaires
Elles sont disséminées sur l’île pour permettre aux hivernants de se ravitailler. Ce sont des haltes bienvenues, des petits paradis pour les marcheurs habitués à la tente, énumération des boîtes de conserve et autres friandises qui les change des repas lyophilisés répétitifs. Sur des cahiers, on note son passage par un petit mot qui sera lu par les rares voyageurs. Souvent des scientifiques en mission.
Marcheurs solidaires
Ses compagnons sont comme ses frères, on veille sur eux, on fait attention à ne pas rompre le fil, il pense à Abel, Cain, la réponse de Dieu. La gelure de Fred qui se réveille, la cheville de l’auteur... La question des vivres, remplir et alourdir les sacs, préparer le retour...
Le vrai bout du monde
Ils parviennent à la pointe sud-ouest de l’archipel, leur but ultime, la plage de la Possession dans la péninsule Rallier du Baty. Les élephants de mer barrissent puis les ignore, se prélassant dans leur baignoire.
« Il n’y a plus rien entre moi et l’Antarctique. Je suis arrivé au bout».
Mais il faut revenir.
« Cette extrémité que je poursuis depuis dix-sept jours, à laquelle je rêve depuis dix ans, est désormais derrière nous.»
La dernière partie du livre conte le retour vers la bas de Port aux Français. Il ne faut pas rater le Marion Dufresne.
Un beau livre qui essaie de faire comprendre au lecteur ce que ça fait d’être dans un bout du monde, un endroit où très peu de gens sont allés, accessible seulement par bâteau.
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