J'ai noté ça chez lui : ce qu'on prend trop souvent pour de la jovialité masque une ironie fondamentale dont il ne se départit que dans des circonstances exceptionnelles, quand la gravité du moment I'exige. II y a très souvent dans sa voix, pour qui y prête attention, l'indice d'une distance à soi-même et aux événements que je n'ai pas observée chez les autres, comme l'aveu qu'il n'est pas dupe de toute cette comédie humaine dans laquelle pourtant il a voulu jouer un rôle de premier plan. Bien sûr, tous les hommes politiques que j'ai rencontrés jusqu'à présent sont capables de plaisanter, même Valls, et ils savent aussi faire preuve de recul, ne serait-ce que pour faire face à la défaite, mais il ne s'agit pas seulement de ça. Il me semble que parmi les candidats, c'est le seul qui se permet d'être au second degré en public. Tout le monde s'interroge sur la nature profonde de cet homme impénétrable(<< Personne ne peut dire qu'il connaît Hollande >>) mais si moi je devais le caractériser, je dirais ceci : Hollande est un homme ironique.
Pas la grosse ironie qui tache par peur de ne pas être comprise mais une ironie de fond, comme on dirait un bruit de fond, discrète, parfois presque imperceptible. Cela, à bien y réfléchir, me semblé formidablement handicapant pour se faire élire : le peuple, quelle que soit la façon dont on I'envisage, dans sa version veaux à la de Gaulle ou dans sa version noble à la Hugo, me semble, d'une manière générale, plutôt réceptif au premier degré. Remporter l'électlon présidentielle malgré ce fond d'ironie irréductible n'en serait qu'une performance plus grande, à mon avis.
lundi 11 février 2013
Ironie d'Hollande
Extrait , page 192, du livre de Binet sur Hollande.
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