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jeudi 1 octobre 2015

La vie parallèle du buveur de sang


Nick Tosches Moi et le Diable (Albin Michel) traduit par Héloïse Esquié. 


Lu grâce à l'opération Masse critique de Babelio, c'est toujours valorisant de recevoir le livre juste avant sa parution, en "épreuves non corrigées" comme il est écrit dans un gros rond rouge...Les critiques des lecteurs reflètent assez bien mon sentiment. Une prose fantasmagorique mais une histoire qui s'étire un peu trop...

Nick est un vieil écrivain alcoolique qui nous raconte son quotidien. Il se considère comme le spectre édenté d’un homme fini et traîne de bar en bar sa misère et son physique ruiné par l’âge et les excès. C’est aussi un esthète capable d’écouter Alina ou Litany d’Arvo Pärt qui accorde une grande attention aux nourritures qu’il met dans sa bouche. Le vocabulaire précis et choisi avec lequel il détaille sa vie transforme la banalité en un monde chatoyant.
Belle description de son New York qu’il a vu changer, notamment ce quartier du Sud de Manhattan transformé en une perpétuelle vallée d’échafaudages, qui s’est boboïsé comme on dirait en France. Finie l’époque où il dormait sur son escalier de secours.
Il est obsédé par l’alcool, par les Alcooliques anonymes et à l’espoir que suscite en lui Olivier Ameisen  et sa trouvaille du Baclofène.
Puis vient le sang qui va remplacer l’alcool. Son ami Keith Richards (qui s’y connaît en addictions) le met en garde: ceux qui goûtent le sang font un voyage sans retour. J’ai vu des choses sortir d’eux lui dit-il. Le point de non-retour est proche... Surtout quand deux femmes sont retrouvées égorgées au coin de la rue...Entretemps, il vit une histoire d’amour avec la jeune Lorna, une étudiante, et s’en va retrouver sa vitalité en fouettant une vierge consentante, et goûtant son sang naturellement.
Nick se sent de mieux en mieux, il a arrêté de boire, ses sens s’aiguisent, son corps rajeunit, les écrits spirites de son double somnambule et leur poésie bizarroïde le surprennent au réveil. Il se retrouve au royaume de la santé éclatante, son groupe sanguin changeant de manière inexplicable...De quoi attirer l’attention du Diable en personne...
Baudelairien en diable, ce roman exalte la puissance de la vie couplée à la mort, la pulsation du sang qui parcourt le corps. Roman étrange et crépusculaire du plaisir rare et illicite, du mot recherché, où Nick le vieil écrivain s’invente une vie de buveur de sang et de fouetteur de vierge. J’ai mis plein de petite croix, nombreux passage de bravoure, dommage que la narration ne soit pas plus resserrée, se délaie un peu dans la répétition. On sent que l’écrivain est parfois un peu à bout de souffle et se contente de greffer une vie parallèle à celle de son double.

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