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samedi 26 décembre 2015

Cauchemar à New York: Necropolis

NECROPOLIS d’Herbert Liebermann 1976, traduit de l'américain par Maurice Rambaud. 


40 ans après sa publication, Necropolis impressionne toujours autant, miracle du polar et de la littérature qui semble être la matrice de toutes les séries américaines qu’on a vu depuis. 
D'ailleurs, sur Babelio, on ne s'y trompe pas, j'ai rarement vu une telle unanimité à propos d'un livre: lien les critiques du livre sur Babelio. Beau pouvoir de la fiction et de la littérature, 40 ans après son écriture ! Ça console.
« Les mains, on s’en fout, mais retrouvez-moi les foutues têtes ! »
Paul Konig, médecin-chef du service médico-légal de la ville de New York est sans pitié avec le vieux flic dur à cuire qui a retrouvé des bouts de corps sur les berges boueuses du fleuve. Et plus généralement avec ceux qui sont sous ses ordres, collègues, assistants qu’il est capable de s’aliéner. C’est un roman efficacement mené avec un personnage mal embouché, fantômatique, incarnation d'un roi sur son royaume désolé -le service médico-légal- la morgue de New York, sorte de roi devenant fou, un personnage unique, ce Paul Konig.
A plus de 60 ans, le médecin n’a rien d’un mou ou d’un libéral. C’est un homme pétri de moralisme et un expert mondialement reconnu dans son domaine: l’autopsie.
« Les rapports de Konig sont célèbres dans le monde entier, il est l’autorité suprême. » 
 Il fascine les membres de son équipe par sa capacité à faire parler les corps, à les reconstituer. A l’image de son vieux maître Banhof, lui aussi est « Un ascète et un érudit qui ne vivait que pour son travail et était mû par une impitoyable passion de la vérité. »

Mais, dans la solitude, la façade se fissure. Paul Konig vit un drame secret, une attente insupportable : la disparition de sa fille. Il rêve d’elle, il l’imagine dans la grande ville et parcourt les rues malgré la douleur, drôle de vieux fou échevelé devenant la proie des humiliations.  On le verra mortifié, à bout de nerf, s’épuisant à la tâche, s’enfonçant toujours plus loin dans le cauchemar, entre les accusations de corruption pour vol de cadavre, errant tel un fantôme dans sa grande maison silencieuse pleine de souvenirs. 
Le but semble être de mettre ce personnage dans l'état physique et mental le plus bas, le pousser à bout. Et capable de génie pour assembler des bouts de corps...
Paul Konig est un des plus beaux et marquants “héros“ de roman qu’on puisse trouver. Si Necropolis échappe au cadre de la littérature de genre, il le doit en partie à ce personnage shakespearien. 
Il le doit aussi à son réalisme minutieux, ses descriptions cliniques et documentées du monde d’une salle d’autopsie. Herbert Lieberman a suivi pendant plus d'un an l'équipe de l'Institut médico-légal de Manhattan. Ce grand roman tient sa ligne haletante jusqu’au bout, on a peur de savoir la fin, et son impact sur l’esprit du lecteur vient de son découpage, de son absence d’esbroufe, juste l’efficacité d'une narration au visuel cinématographique, sa façon de rendre sobre et réel le rictus diabolique de la mort.


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