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lundi 26 novembre 2012

L'affaire des "affaires" en bande dessinée


Bande dessinée, 400 pages étouffantes.

Retour en arrière : 2006, l'affaire Clearstream éclate. Complot au sommet de l'État. Villepin a-t-il voulu mouiller Sarkozy avec une affaire de listings truqués?
La bédé commence fort: têtes de Chirac, Villepin et Sarkozy, et un fait divers déjà jauni dans notre esprit. Et cette question: Denis Robert est-il le corbeau ?
Car le héros des deux bouquins, c'est lui. Omniprésent, dans un va et vient permanent et répétitif entre ses enquêtes et une vie de famille constamment dérangée - sa femme qui fait la gueule, sa fille délaissée.
Denis Robert est un journaliste qui, suivant l'exemple d'Albert Londres, veut mettre "la plume dans la plaie", et ne veut pas devenir "l'agent de normalisation" qu'il se sent devenir au journal Libération.

Le premier tome est l'histoire d'une prise de conscience:  quelque chose est vicié dans la chaîne économique (p.86  «Il y a environ 1000 hypermarchés en France. C'est la plus grosse concentration dans le monde. Pourquoi y en a-t-il autant? Le hasard ou les compensations financières ?»)
Les juges européens décident de s'allier et de lancer un appel au sommet européen car le manque de coopération permet l'impunité. On y voit Van Ruymbeke, 43 ans, Chantal Pacary, une ex-épouse en fin de vie qui lui livrera des informations importantes.

Le second tome est l'histoire de son enquête sur Clearstream. Un barbu pas commode, vrai personnage de roman, Ernest Backes, lui apprend comment fonctionne cette chambre de compensation. Un carton au grenier rempli de microfiches plus tard, le tournage du film Les Dissimulateurs, et une mission parlementaire se met en place avec une audition  de plusieurs mois menée par des gens qui sont aujourd'hui au gouvernement. Le PDG de Clearstream démissionne, mais Denis Robert est assailli de plaintes en diffamation qui vont lui pourrir dix ans de sa vie.
Le hold up est permanent sous nos yeux...
Les livres datent de 2009, on sait que cela s'est  bien terminé pour Denis Robert.
Un peu trop tout ça...

Ce que j' en ai pensé: sentiment très mitigé. Je suis sorti de ces livres format manga avec le sentiment de malaise que j'éprouve devant une œuvre ratée. Pourtant le dessin est bon, le texte bien écrit mais il ya une telle quantité d'informations à faire passer dans une bande dessinée qu'ils ont accouché d'un monstre hybride mal foutu. 
Point positif: on apprend beaucoup de choses, le lecteur a une vision d'ensemble des enquêtes de Denis Robert. Mission d'information réussie, mais en tant qu'objet esthétique, c'est raté. C'est dommage, parce que ça ne donne pas envie d'aller plus loin. Il aurait fallu commencer par un vrai livre de Denis Robert...

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