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dimanche 30 juin 2013

Trône de fer, fureur médiévale


Emilia Clarke prête ses traits à
 Daenerys Targaryen qui deviendra la Khaleesi,
mother of the dragons. 
Fantasy
Le Trône de fer, tome 1, de Georges R.R. Martin. Éditions Pygmalion, traduit par Jean Sola. (1996)
Pur plaisir fictionnel, celui du roman-feuilleton qui se lit sans faim.  Je me plonge dans de monde-là pour me rafraîchir la mémoire, avant d'attaquer le visionnage de la troisième saison. Arrivé à la fin, je sais que je vais continuer, mais pas tout de suite, on risque l'indigestion...

Mise à jour, 18-04-2014, la critique du deuxième tome: Le sang, le feu et la mort, suite du Trône de fer

Un univers est planté et on entre dedans. Chaque chapitre est donné par le nom d'un personnage que l'on suit et qui donne l'unité d'action.
 L'univers est un moyen-age fantasmé, avec des tournois, des histoires de familles, de longues traversées à cheval ou en bâteau, des châteaux à l'architecture compliquée, un roi soudard, des courtisans. Le froid tue, les forêts sont dangereuses, on utilise le lait de pavot comme anesthésiant. La langue est charnue et métaphorique, elle donne du relief et de la vie aux choses décrites. Les lieux sont dotés d'une âme, les épées portent un nom.

On pense évidemment à la série tv et on est frappé par le soin des producteurs pour rendre pour rendre l'univers du roman, les décors et les personnages. En lisant, j'ai tendance à superposer le visage des acteurs aux personnages.  Et surtout Tyrion Lannister, le nain, qui apparaît page 60. Peter Dinklage n'est pas aussi laid que le personnage décrit, mais son talent rend bien l'intelligence mordante du personnage:

 ...Tyrion.  Le  Lutin.  Hideux benjamin  de  cette  brillante  couvée.  Autant  les  dieux  s’étaient montrés prodigues envers ses aînés, autant ils l’avaient, lui, mis à la portion congrue. Nabot, il n’arrivait pas à la ceinture de ser Jaime et, pour conserver l’allure, devait désespérément tricoter de  ses  jambes  torses.  Outre  un  crâne  démesuré,  il  avait  un faciès écrabouillé de brute qu’empirait la saillie monstrueuse du front.  En  dégoulinait  une  tignasse  raide,  filasse  au  point  de paraître blanche, et entre les mèches de laquelle vous scrutaient si  méchamment  des  yeux  dépareillés,  l’un  vert  et  l’autre  noir, que Jon demeura médusé.
Jon et Tyrion vont apprendre à se connaître, et l'amitié bizarre qui se crée entre ces deux êtres mal aimés est le rapport psychologique qui a le plus de force dans le roman.

Games of Thrones a fait beaucoup parler d'elle sur les réseaux sociaux. En effet, certaines péripéties de l'épisode 9 (saison 3) ont déclenché des réactions de colère des fans.
« Ils n'ont qu'à me lire, aurait-dit l'auteur, ils ne seraient pas surpris ». Par-ailleurs, dans cet article passionnant paru dans Rue 89, on apprend que les fans des romans ont eu aussi des réactions démesurées ( «Il est vieux, il va mourir avant d'écrire la fin», sympathique...) au cours des années 2000 à propos de l'auteur qui mettait trop de temps à leur goût pour publier la suite de la saga. Cela rappelle Conan Doyle obligé de ressusciter Sherlock Holmes.  C'est dire si la série est addictive, sur le papier, comme sur les écrans (la plus piratée).

La série télé est très fidèle au roman. Peut-être que ma mémoire me joue des tours, ça fait trois ans que j'ai vu la saison 1, mais il me semble que le scenario colle à l'histoire. Le livre est néanmoins supérieur sur quelques aspects, où le cinéma ne peut pas rivaliser, par manque de moyens.
C'est notamment le cas des loups-garous. Au tout début du roman, la famille Stark nous est présentée au moment où ils trouvent une louve morte (A demi ensevelie dans la neige maculée de sang, une énorme masse sombre gisait, terrassée par la mort. (...) Un loup-garou. C'est plus gros que les autres, adultes. Mais ça fait deux cents ans, protesta Greyjoy, qu'on n'en a pas repéré au sud du mur.)
 L'emblème de la famille étant le loup-garou, le bâtard Jon Snow convainc son père d'en donner un à chacun.
«Ils sont cinq en tout: trois mâles et deux femelles (...) vous avez cinq enfants légitimes: trois garçons, deux filles, et le loup-garou est l'emblème de votre maison. Vos cinq enfants sont tout désignés pour recevoir chacun le sien, messire.»
Et Snow, in extremis, sauve un sixième chiot, albinos aux yeux rouges, qui sera le sien sous le nom de Fantôme. Dans la série télé, on voit à peine les gros loups...Les producteurs ont sans doute concentré leurs moyens sur les dragons...

Autre cas, l'ascension de Lady Catelyn vers l'endroit où s'est réfugiée sa sœur, quand elle passe les étapes de plus en plus difficiles de Pierre, Neige, puis Ciel, vers des hauteurs qui semblent inexpugnables: les Eyrié. Là, Martin prend son temps pour nous faire bien sentir la force du paysage.
Pas la peine de résumer l'histoire, vu le succès, la matière doit abonder sur la toile. Le wiki: La Garde de nuit.
Un blog sur les séries qui en parle, il compare aussi les bouquins et la série.
En conclusion, je ne regrette pas de m'être plongé dans ce fracas médiéval où le sang coule bien rouge. Je n'arrive pas à savoir si la série et les livres sont de la même force. Je crois plutôt que les deux se complètent idéalement. Et c'est peut-être unique dans l'histoire du livre et de la fiction audiovisuelle, qu'il s'agisse de cinéma ou de série télé. Comme l'écrit NilsetBenjamin
« Si Game of Thrones s'est révélé à la fois une réussite et un succès public majeur, c'est peut-être pour cela: pour être parvenu à allier le meilleur des deux mondes, et à satisfaire à la fois les amateurs de fantasy, d'aventures épiques et d'intrigues politiques complexes dans un univers médiéval-fantastique, et les amateurs de séries télévisées, avec leur dramaturgie particulière, leurs rythmiques, leurs jeux de correspondance entre les séquences et le dialogue que la proximité de ces mêmes séquences instaurent entre les différents arcs, l'affect un peu différent que l'on ressent pour un personnage incarné devant nous, par rapport aux créations de notre imagination que deviennent forcément les personnages de romans lorsqu'ils quittent les mots de leurs créateurs pour s'inscrire dans nos esprits. » Source

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