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vendredi 14 mars 2014

Lecture d'Illusions perdues 3, Humiliation à Paris

Journal d'un lecteur
Illusions perdues d'Honoré de Balzac
NB: ce billet dévoile des éléments de l'histoire.
Sur le Kindle, de 21% à 38%.

 Lucien à Paris avec Naïs de Bargeton, c'est le désenchantement, et les dettes.
Les deux amoureux, chacun de leur coté, réalisent que l'autre n'est pas à la hauteur.
Lucien voit la femme réelle, il est honteux d'avoir aimé cet os de seiche.
Quand à elle, elle le trouve mal habillé:
Malgré son étrange beauté, le pauvre poète n'avait point de tournure.

 L'habillement a une place essentielle dans cette société. Humiliation à l'opéra.
 Chacun regardait le pauvre inconnu avec une si cruelle indifférence.
Lucien est abandonné seul dans la loge, en pestiféré qui risque de contaminer la bonne société.

Sur les Tuileries, 3000 voitures défilent, on se fait admirer.
 Lucien est dénié il n'existe même plus alors même que Naïs, prise en charge par sa cousine, a retrouvé de l'éclat dans ses nouveaux vêtements. Rage et humiliation pour Lucien Chardon qui a eu le tort de se faire appeler Lucien de Rubempré.

Sur les 2000 francs de son pécule du début, Lucien a sacrifié inutilement 1700 francs pour s'habiller ! Comment survivre dans Paris ?

Chez Flicoteau, on dîne à 18 sous, on côtoie plusieurs personnages sombres et mystérieux enveloppés dans les brumes de la plus froide misère. Belle description de ce Paris des pauvres qui contraste avec l'observation des jeunes gens bien habillés qui étourdissaient Lucien sur les grands boulevards.
Droguereau le libraire éditeur, et ses conditions, pour vendre le roman de Lucien.

Pour ces libraires, les livres étaient des comme des bonnets de coton pour des bonnetiers. 
Puis c'est le réconfort du Cénacle, son esprit doux et tolérant, où Lucien est introduit par Daniel D'Arthez. Mais l'impétueux, l'ambitieux fils de l'apothicaire Chardon doit trahir pour ses rêves de gloire, de richesse, et pourtant Etienne Lousteau, sa tête humilié, ses conseils amers, son désespoir de damné qui ne peut plus quitter l'enfer lui a bien dépeint ce monde du journalisme et de la politique:

Tout dans ces deux mondes est corruption.  Travailler n'est pas le secret de la fortune en littérature, il s'agit d'exploiter le travail d'autrui. 

Une lecture toujours aussi excitante, rapide comme un roman feuilleton, une terre de mouvement et de contrastes, des tableaux vifs et saisissants. On entre dans le vif du sujet, là où j'avais tellement retrouvé notre époque.
Notons que le point de vue s'est nettement recentré sur ce personnage principal, dès lors qu'il est expulsé du monde de l'aristocratie, c'est ce monde-là qui s'éteint de lui-même dans le roman. Et le Paris populaire qui apparaît. Pour l'instant du moins, car on rêve d'une revanche pour Lucien.

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